Le café de nuit - V. Van Gogh 1888 |
Nous sommes donc allés au centre commercial juste à côté de la piscine
(nous étions déjà essoufflés en arrivant !) et avons été au self du coin car les sièges sont confortables (très important le choix des sièges pour les fibros, plus que le choix des boissons !)
Là, premier gag, il faut choisir ce que nous allons prendre. Nous regardons d'un air embrumé la carte en pliant les yeux car il y a beaucoup de lumière (et oui ! Nous sommes sensibles à notre assise mais aussi à la lumière !) Après maintes hésitations et plusieurs soupirs de la serveuse nous nous décidons :
Nous : "un cappuccino et un chocolat chaud svp"
Elle, d'un air atone : "la machine est en panne, je ne peux vous servir ni cappuccino ni chocolat..."
Ah ! Il faut donc choisir autre chose... Nouvelle réflexion un peu affolée, devant le regard agacé de la serveuse... L'une comme l'autre, nous nous moquons du regard des autres mais nous sommes conscientes de nos défauts.
Nous : "Bon, bah un café et une orange pressée alors."
Elle "court ou long le café"
Zut ! une nouvelle question... "Euh, bah long ?!"
Elle : "5€ svp"
Moi : "laisses, c'est à moi de payer, c'était toi la dernière fois"
Très généreuse la LittleMissFibro mais je m'aperçois très vite que mon portefeuille est désespérément vide... Oups !
La serveuse trépigne... Ma copine sort un billet de son portefeuille et le tends en rigolant à la serveuse qui n'a vraiment aucun sens de l’humour semble t'il.
Second gag, il faut partir avec le plateau et trouver une place... Le plateau est lourd et ma copine le prend courageusement en mains avant de regretter son geste, car elle tremble des bras ! Nous trouvons donc parfaite la place juste à côté du comptoir : sièges OK, lumière OK, courant d'air OK.
Qui a dit que les fibros n'étaient pas chieuses ? Pas moi, même si c'est pour des raisons médicales ! ;-)
Tout cela, après la balnéo, nous a déjà fortement fatiguées. Nous sommes heureuses de nous retrouver, mais la fatigue se lit sur nos visages et les sourires sont crispées.
Par mon expérience, les discussions entre fibros sont étranges pour les non fibros car chacun part dans un sens, oublies ce qu'il dit alors revient sur ce que disait l'autre, qui s'emmêle aussi les pinceaux etc...
L'avantage, par rapport à une discussion entre fibro et non fibro, c'est que l'autre ne fait pas de gros yeux quand les mots sortent dans le désordre : soit il est en forme et il reconstitue, soit il ne comprends rien mais ne s'en formalise pas !
Au bout de quelques temps, nous étions crispées sur nos sièges : et oui, les fibromyalgiques ne supportent longtemps ni la position assise, ni la position debout... Donc tout naturellement, l'une comme l'autre avons commencés, tout en parlant à faire de petits mouvements d'étirements des épaules et du cou. Je levais aussi une jambe puis l'autre pour me détendre. Vu de loin, cela devait être comique mais pour nous, c'était normal.
Le temps passant, ma copine me dit "je suis désolée mais je ne tiens plus, il faut que je me lève".
Je pensais la même chose, donc nous partons en boitant et en rigolant, et continuons notre conversation en pointillé (du coup ça prends du temps !) dans le centre commercial.
La fatigue s'accumulant, très vite nous ne savons plus du tout ce que nous étions l'une et l'autre en train de dire et nous nous regardons bêtement avec des petits yeux et un sourire crispé.
Là, nous avons décidés d'arrêter là la rencontre et de remettre ça à une prochaine fois. Nous sommes reparties chacun de notre côté en boitant, l'air dans les vapes.
C'est aussi ça la vie de fibro : connaitre et écouter ses limites, séquencer nos activités pour en profiter... Mais je suis consciente que certaines personnes ne comprennent pas, nous trouvent souvent bizarres ou drogués...
Je préfère en rire mais il faut avouer que, nous le valons bien ! Si on ne nous connait pas, le fibro est un drôle d'animal. ;-)
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